J’ai récemment passé un mois à San Diego, où vivent mes enfants. Mon fils adoré, Christopher, alors que nous terminions de dîner ensemble dans cette ville animée le jour de la Saint-Valentin, a sorti son portefeuille pour payer l’addition.
En regardant son portefeuille en tissu, si abîmé, déchiré et sale, je me suis demandée pourquoi il n’en achetait pas un nouveau. Il m’a expliqué que ce portefeuille avait une grande valeur sentimentale, car il venait d’un orphelinat où il l’avait acheté. Il voulait le faire réparer, car il était très précieux à ses yeux.
Il y a tant d’autres causes à soutenir, pourquoi un orphelinat ? Soudain, j’ai compris : un orphelinat, c’est un lieu où les enfants sont sans parents. Comment un enfant peut-il être sans maman ni papa et ne pas recevoir l’amour dont il a tant besoin ? Quand j’étais enfant, je demandais toujours à ma grand-mère Marie de me raconter son enfance dans un orphelinat à Lyon, en France, où sa mère l’avait sans doute déposée pour des raisons inconnues.
L’été, quand ma grand-mère Marie était encore enfant, peut-être âgée de sept ou huit ans, elle allait chez une famille dans les montagnes de Savoie, aux Côtes, près de Saint-Étienne-de-Cuines. En échange de son aide aux champs et aux animaux, elle était logée et nourrie. Après l’été, il était temps pour elle de rentrer en train et je crois qu’une dame de l’orphelinat venait l’attendre à la gare de Saint-Avre-La-Chambre. Ce jour-là, Marie refusa de monter dans le train, s’accrochant à ce couple qui s’était occupé d’elle pendant l’été, serrant leurs manteaux et sanglotant. Personne ne put la convaincre de monter. Ce couple, qui avait déjà beaucoup d’enfants, décida de l’adopter et ils devinrent sa nouvelle famille.
Ses nouveaux frères et sœurs devinrent très proches d’elle et j’en ai rencontré beaucoup quand j’étais enfant, ainsi que leurs descendants plus tard. J’ai entendu dire qu’ils lui avaient même donné une dot lorsqu’elle a épousé mon grand-père, Jean Jamen, lui-même orphelin de père. Sa mère avait deux enfants, et l’aîné s’est occupé de Jean après le décès de sa mère et fut son seul parent et témoin à son mariage. On disait que son père devait être un Italien venu en France pour travailler et qu’il avait eu une liaison amoureuse à Monthion, un village proche de l’Italie.
Bien que ma grand-mère Marie ait été adoptée et ait grandi dans un orphelinat, ses parents adoptifs la considéraient comme leur enfant chérie. Elle a pu grandir au sein d’une famille aimante, entourée de frères et sœurs. Ce fut une immense bénédiction pour elle.
L’amour des parents est ce qu’il y a de plus précieux. Les parents ne gardent aucune rancune envers leurs enfants, ni aucun ressentiment. Ils oublient les torts. Leur amour est infini et éternel.