En janvier 2010, alors que ma fille Diesa avait une vingtaine d’années, elle a organisé un voyage en Haïti pour animer un camp d’entraînement pour un programme de basketball féminin appelé « Raise her ».
À son arrivée en Haïti, elle a rencontré l’extraordinaire Dr Renee, fondatrice de l’Académie haïtienne, avec qui elle allait collaborer sur son programme pour les filles. Un jour, alors qu’elle attendait dans une salle de classe le groupe de filles en retard, elle a soudain ressenti une intuition, un pressentiment, une impulsion soudaine : prendre son sac et partir au plus vite.
À cet instant précis, elle a eu l’impression qu’un gros camion la poursuivait tandis que les bâtiments s’effondraient autour d’elle. C’était le grand tremblement de terre qui frappait Haïti. Grâce à son intuition, elle a reconnu un avertissement divin et a pu s’en sortir. Peu après, le Dr Renee a accompagné Diesa en bus scolaire pour aller voir les victimes et transporter les gens à l’hôpital, autant que possible. Entendre les cris des gens sous les immeubles fut une épreuve insoutenable. À ce moment-là, Diesa fut réquisitionnée pour l’hôpital, où elle soignait les patients et s’essayait à des tâches qu’elle n’avait jamais accomplies auparavant, comme poser un plâtre ou réconforter les gens par la parole lorsqu’aucun médicament n’était disponible.



De gauche à droite : Diesa avec des filles de l’Académie haïtienne (école), En haut à droite : Diesa avec une des filles qui ont participé au camp de basket-ball, En bas : janvier 2010 (quelques jours après le tremblement de terre à Port-au-Prince)
Elle disait être émerveillée par la réaction des gens face à des paroles bienveillantes, aimantes, rassurantes, réconfortantes et porteuses d’espoir : « Tout ira bien, tu es forte, tu vas t’en sortir. » Hommes, femmes et enfants s’accrochaient à son bras, sa main ou sa jambe, la prenant pour la médecin américaine, capable de tout faire, et persuadés qu’avec elle à leurs côtés, ils seraient en sécurité. En Haïti, leur devise est : « L’espoir fait vivre. »
Quant à moi, à la maison, voyant et entendant les terribles nouvelles à la télévision concernant le séisme dévastateur, et essayant de protéger mon mari hospitalisé de ces informations, je n’ai pas eu de nouvelles de ma fille. Pendant les 48 heures qui m’ont paru les plus longues de ma vie, ma chère amie Inge était à mes côtés, essayant elle aussi de comprendre ce qui se passait, et elle n’arrêtait pas de me dire : « Elle est courageuse, elle est forte, elle va s’en sortir », faisant pour moi ce que Diesa faisait à l’hôpital.
Finalement, Diesa a pu trouver un ordinateur et nous envoyer un message par courriel qui disait :
Je vais bien ! Soyez forts et courageux, n’ayez pas peur et ne vous découragez pas, car le Seigneur Dieu, mon Dieu, est avec vous (1 Corinthiens 28:20). J’utilise internet chez un missionnaire, mais la connexion est intermittente. Il n’y a pas de réseau mobile. Dites à ma mère que je vais bien. Je vous aime tous. Priez pour Haïti. Nous avons besoin d’aide médicale. Les hôpitaux sont saturés.
Alors que je finissais d’écrire cet article ce matin, j’ai lu dans un de mes courriels qu’un ami citait John F. Kennedy, l’un de nos anciens présidents, qui avait conclu son discours d’investiture par ces mots :
Avec une conscience tranquille, notre seule récompense certaine, l’histoire étant le juge ultime de nos actes, allons de l’avant pour guider la terre que nous aimons, implorant sa bénédiction et son aide, mais sachant qu’ici-bas, l’œuvre de Dieu doit véritablement être la nôtre.
Be safe, be home, be tough.